Ce que mon engagement à changer m’a appris

La hantise de déplaire

J’avais accepté le contrat sans même y réfléchir. La responsable du programme avait appelé à la maison en mai pour m’offrir cette charge de cours qui débutait en juillet. Et moi, même si je terminais mon congé de maternité, même si je retournais enseigner à temps plein dès l’automne, j’avais dit oui, Oui!, alors que tout en moi hurlait :

– Non! Dis non!

Ce que mon engagement à changer m’a appris

L’âgisme

Lors d’une rencontre préparatoire, je suis fière d’annoncer à une partenaire bénévole mon intention de m’engager dans un projet d’animation. Mon enthousiasme la surprend, elle m’interpelle : « Êtes-vous bien certaine de vouloir faire ça ? C’est exigeant, Madame Yergeau!

– Je l’ai déjà fait dans ma vie professionnelle, je sais ce qu’il en coûte.

– Oui, mais… vous n’aviez pas 75 ans! »

Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

Le deuil

J’ai appris la mort de Mélissa au volant de ma voiture, dans la position exacte où j’avais appris son cancer, 9 mois plus tôt. Je n’ai pas été saisie comme je l’avais été à ce moment-là. Au contraire, je me suis sentie soulagée. Enfin, Mélissa ne souffrait plus. Elle était libérée de son corps et de ses pensées. La tristesse, le manque et le vide inhérents au deuil, je les ai ressentis plus tard.

Ce que mon engagement à changer m’a appris

L’expérience de la limite

Ce matin-là, j’ai pris le 67 St-Michel, direction Nord, en tenant fermement le sac qui contenait les 3 exemplaires de mon mémoire de maîtrise. Arrivée au métro, j’ai pris la ligne bleue, direction Snowdon, je suis sortie à Côte-des-Neiges 30 minutes plus tard. Je n’ai pas lâché mon sac de tout le trajet, j’aurais pu l’oublier. J’oublie tout quand je suis anxieuse.

Ce que mon engagement à changer m’a appris

La fracture… du cerveau!

Comment se fait-il que j’aie développé un trouble anxieux? Je veux dire, à quel moment la fracture est-elle survenue? Je sais bien que la chimie de mon cerveau est en cause, que ma génétique y est pour beaucoup, n’empêche que je n’ai pas toujours été si angoissée.

J’ai été une enfant inquiète (c’est vrai!), je manquais de confiance en moi (beaucoup!), mais je fonctionnais.

Ce que mon engagement à changer m’a appris

La liberté

C’est l’un de mes plus beaux souvenirs d’enfance, l’un de ceux qui m’enchantent. Dès que j’y pense, une vive sensation de liberté m’anime. À la campagne, où j’ai grandi, une simple promenade pouvait facilement se transformer en grande aventure, ce qui se produisait immanquablement lorsqu’on allait à l’île secrète.

Ce que mon engagement à changer m’a appris

L’anxiété (… et les anxiolytiques!)

Les fameuses résolutions du nouvel an… J’en prends rarement, car je ne sais pas les tenir. Du moment que je m’impose une règle, j’y contreviens. C’est instinctif. Je suis transgressive, rebelle à toutes formes d’autorité, même à la mienne.

Mais je peux bien l’avouer, ça ressemblait à une résolution. J’avais pris la ferme décision d’arrêter mes anxiolytiques même si je suis une grande anxieuse (je vous en ai déjà parlé 

Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

La libération

Je suis revenue voir Mélissa deux jours après qu’on l’ait emmenée à la Maison Albatros pour y terminer sa vie. Au moment où je suis arrivée, ses parents étaient là, l’une de ses tantes et sa meilleure amie. Je connaissais seulement sa mère, alors je me suis présentée… J’étais qui au fait? Une collègue de travail? Une bonne connaissance? Une amie?

Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

La promesse

30 novembre 2015. Je me souviens de ce matin-là comme si c’était hier et je m’en souviendrai toute ma vie avec la même intensité. Le ciel gris laissait tomber ses premiers flocons de neige. Sur le chemin qui me conduisait vers Mélissa, je respirais plus lentement qu’à l’habitude. J’étais calme. Je me recueillais en silence.